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J'ai aimé la langue de Requena, une langue de créole urbain,
qui était celle des portègnes éduqués des années vingt.
C'était ainsi que parlaient Jorge Luis Borges, Leopoldo Marechal, Martinez Estrada mais aussi mon frère Paco et tous mes autres frères : un style courtois même dans l'insulte, ironique mais sans venin, absurde et secrètement logique (ou le contraire).
Un maître à la manière de Macedonio Fernández qui gardait ses notes sur la guitare ou de Gombrowicz entouré d'étudiants captivés dans le café d'un village perdu de la province de Buenos Aires.
Socrate appartenait sûrement à la même famille.
Aurora BernárdezSi Alejandro García Schnetzer s’était limité à faire dire à son illuminé les réparties que Borges attribua au sien, ce court roman n’aurait été qu’une sorte de vol d’identité littéraire.
Bien au contraire, García Schnetzer ne fait rien d’autre que de s’inspirer du style de l’evanescent Macedonio Fernández pour construire à partir des anecdotes borgésiennes, une figure plus attachante, plus spirituelle, plus généreuse que l’original.
Ce petit livre de moins de cent pages est un parfait délice, héritier des inventions biographiques de Pío Baroja et de Marcel Schwob.
Alberto ManguelIllustration de couverture dessin d'Antonio SEGUÍ
À propos de Requena, Andrade, Quiroga