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"J’ai toujours su que je voulais écrire l’histoire de mes grands-parents et de mes arrières grands-parents qui serait en même temps une vision de la présence et de l’influence italiennes en Argentine ; je voulais aussi expliquer d’une certaine façon ce qu’il y avait d’étrange et d’indéfinissable chez l’Argentin.
Je voulais que mon explication se fasse à partir d’une fiction mais sans utiliser les procédés habituels, autrement dit, sans vraiment donner d’explications ; il s’agissait simplement de mettre mes doutes sur la table et de les écrire noir sur blanc.
Saint-Office de la mémoire est un roman historique, un roman sur l’immigration, un roman qui traverse sur plusieurs générations notre histoire et les affrontements les plus dramatiques qu’elle a connus : la mémoire contre l’oubli, la vie face à la mort, le jour après la nuit, la paix et la violence, l’intolérance contre la démocratie. Une série de dichotomies, une très grande ambigüité, une sorte de schizophrénie qui jalonne l’histoire argentine.J’ai écrit un roman où j’ai voulu m’attaquer à plusieurs sujets qui étaient, selon moi, du plus grand intérêt. C’est aussi un débat sur la littérature argentine. J’ai voulu qu’elle soit présente parce que cette littérature accompagne l’histoire tout en l’affrontant. Dans ce pays, les épigones littéraires sont en général des personnes appartenant à l’élite et ne représentent que très rarement de véritables valeurs populaires."
(Extrait d’une entrevue de Mona Moncalvillo avec l’auteur dans la revue Humor – 1991)