
Joyce LUSSU
8-05-1912 04-11-1998
Joyce Lussu, Gioconda Beatrice Salvadori Paleotti est née le huit mai 1912 à Florence. Sa mère Giacenti Galletti était la fille d’un colonel garibaldien et d’une noble anglaise, écrivain. Son père Guglielmo Salvadori Paleotti était un aristocrate, philosophe, originaire des Marches.
Les agressions successives de la part des fascistes, dont son frère Max, d’abord, puis son père furent victimes, conduisirent la famille à émigrer à partir de mars 1925 en Suisse, à Begnins proche de Lausanne où Joyce connaîtra une adolescence dans un milieu cosmopolite.
Parfaitement bilingue italien-anglais, elle va se perfectionner en Français et Allemand pour ensuite continuer auprès de Karl Jaspers ses études de philologie. En 1933, lors d’une visite à son frère Max, déporté dans l’île de Ponza, celui-ci lui remet un message secret destiné à Emilio Lussu, alors désigné comme Mister Mills, fondateur de Giustizia e Libertà et organisateur de la résistance en exil. Après de longues recherches, elle rencontrera Mister Mills à Genève. Le message fut remis. Ce fut, un coup de foudre immédiat et le début d’une histoire d’amour intense, à laquelle Lussu mettra fin quinze jours plus tard. Il considérait la situation d’exilé clandestin peu compatible avec une liaison amoureuse, voire dangereuse.
En mai 34, elle épousa Aldo Belluigi, un riche possédant fasciste de Tolentino et avec lui, elle s’installa au Kenya, pour faire prospérer une propriété agricole qui employait beaucoup de personnel local. Deux ans furent nécessaires pour faire faillite et alors que son mari ruiné retournait à Tolentino, elle partit seule visiter différentes régions d’Afrique.
En 38, ruinée et sans papier, elle arrivera à Marseille pour ensuite retrouver Lussu à Paris, qui lui ouvrit les bras. Ils habiteront rue de l’Estrapade et Lussu la présentera aux Modigliani et aux Trentin comme son épouse. Lussu ayant découvert qu’un homme accompagné d’une femme n’est jamais arrêté par la police, elle participera à toutes les missions de Lussu au cours de la Résistance, comme Lisbonne ou Londres, où Joyce suivra une formation aux radios clandestines et à la guérilla, puis retour clandestin à Marseille. Ensuite à Lyon, le sauvetage des Modigliani, réalisé par Joyce, quoiqu’en pensent les historiens universitaires provençaux qui bâtissent leurs propres histoires. Retour en Italie, mise en place de la résistance au fascisme et au nazisme et de l’organisation des parachutages en Italie du Nord, actions qui lui vaudront la médaille de la Résistance, onze ans plus tard !
C’est dans une Italie enfin libre qu’elle pourra développer ses talents d’écrivains, déjà repérés par Benedetto Croce, et de traductrice, en particulier de Nazim Hikmet et des poètes kurdes. Elle sera considérée comme une des fondatrices du mouvement féministe en Italie. Elle s’éteindra en 1998, après nous avoir livré une troisième version de Fronti e frontieri.
Francis Pascal, mars 2025.
Ouvrage de Joyce Lussu traduits en français :
Inventaire des choses certaines. Trad. Marc Porcu, La Passe du vent, 2015
L’homme qui voulait naître femme ;mémoires féministes sur la guerre. Trad. Chloé Pierre, La Lenteur, 2024